Résumé des actualités :Le gouvernement argentin s'apprête à annoncer dans les prochains jours des mesures permettant aux exportateurs de blé de retarder leurs expéditions sans pénalité en raison des graves conditions de sécheresse affectant l'approvisionnement intérieur.
Plomb :Buenos Aires, 1er novembre – L'Argentine s'apprête à annoncer dans les prochains jours des mesures permettant aux exportateurs de blé de reporter les livraisons convenues sans encourir d'amendes, suite à une grave sécheresse qui a dévasté les récoltes et suscité des inquiétudes quant aux niveaux d'approvisionnement national.
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L'Argentine, un acteur majeur du marché mondial du blé, est confrontée à l'une de ses pires crises agricoles depuis près d'une décennie. Le gouvernement se préparerait à mettre en œuvre des réglementations permettant aux exportateurs d'ajuster les calendriers d'expédition sans les pénalités standard de 15 % habituellement imposées pour les retards. Une source de la Chambre des exportateurs de céréales (CEC) a indiqué que ces mesures seraient annoncées prochainement, soulignant l'urgence de la situation compte tenu de la baisse significative de la production de blé due à une sécheresse prolongée affectant les principales régions agricoles.
La sécheresse persistante a été néfaste, avec des prévisions estimant que la récolte de blé de l'Argentine pour la saison 2022/23 pourrait chuter jusqu'à 13,7 millions de tonnes, ce qui représente une réduction stupéfiante par rapport à la récolte de la saison précédente de 23 millions de tonnes. La Bourse des grains de Rosario a revu ses estimations à la baisse, soulignant la gravité de la crise climatique à laquelle est confrontée la production de blé du pays.
Diego Cifarelli, le responsable de l'organisation de l'industrie meunière argentine, a exprimé de vives inquiétudes concernant la chaîne d'approvisionnement, soulignant que le gouvernement doit agir rapidement pour communiquer avec les clients internationaux dans des régions comme l'Indonésie, le Maroc, l'Algérie et l'Égypte, concernant la situation du blé argentin. "Si le gouvernement doit le faire, qu'il le fasse maintenant, car nous devons nous retourner et parler aux clients et renégocier ces contrats", a déclaré Cifarelli.
Le retard dans les exportations de blé pourrait avoir des implications significatives pour les marchés internationaux, car les conditions actuelles mettent déjà à rude épreuve les chaînes d'approvisionnement mondiales. Les effets d'entraînement du temps sec affectant les producteurs de blé aux États-Unis, combinés aux tensions géopolitiques dues au conflit en cours en Ukraine, exacerbent encore l'incertitude sur les marchés céréaliers mondiaux. L'interaction de ces facteurs pourrait potentiellement préparer le terrain pour une flambée des prix du blé dans le monde entier.
Face à ces défis, le gouvernement argentin a engagé des discussions avec les meuniers et les exportateurs de blé pour gérer les impacts de la sécheresse. Les pressions se sont accrues sur le gouvernement pour sécuriser davantage de blé destiné à la consommation intérieure, alors qu'il peine à concilier ses engagements internationaux avec les demandes locales.
Une part croissante du blé argentin est destinée à l'exportation, les données officielles indiquant que les producteurs ont déclaré des ventes à l'étranger d'environ 8,9 millions de tonnes pour la saison en cours. Cependant, le plafond d'exportation actuel fixé à 10 millions de tonnes pour la récolte 2022/23 ajoute des contraintes supplémentaires aux décisions auxquelles sont confrontés les producteurs.
Par ailleurs, la sécheresse ne touche pas seulement le blé – ses répercussions se font sentir dans tous les principaux secteurs agricoles, y compris le maïs et le soja, qui sont également essentiels pour l'économie du pays. Le gouvernement marche sur une corde raide, en équilibrant la nécessité de remplir ses obligations internationales tout en garantissant un approvisionnement suffisant en céréales pour le marché intérieur.
Cifarelli a souligné la nécessité d'une action immédiate, mettant en avant que si la production de blé continue de diminuer, les prix intérieurs pourraient encore augmenter, exacerbant les pressions inflationnistes dans une économie déjà vulnérable. Ses préoccupations reflètent des inquiétudes plus larges présentes dans le secteur agricole, où les conditions météorologiques extrêmes et les changements réglementaires ont accru l'hésitation des agriculteurs.
Le paysage politique en Argentine complique encore la situation. Les agriculteurs ont exprimé des inquiétudes concernant les résultats potentiels des prochaines élections présidentielles, les promesses de certains candidats de réduire les taxes sur les exportations de céréales influençant les ventes actuelles et les décisions de plantation. L'incertitude politique a entraîné un ralentissement des préventes pour la prochaine récolte, indiquant une réticence à s'engager alors que les prévisions de production améliorée s'amenuisent.
Dans une discussion autour de cette situation complexe, les dirigeants de l'industrie ont fait remarquer qu'il était urgent de réévaluer les contrats d'exportation existants et de prendre en compte les besoins locaux dans un contexte de cycle agricole défavorable. Alors que les agriculteurs sont confrontés à des décisions influencées par les conditions climatiques et les fluctuations politiques, les perspectives pour les marchés céréaliers nationaux et internationaux restent précaires.
Conclusion :
Les efforts immédiats de l'Argentine pour autoriser des retards dans les exportations marquent une réponse cruciale à une crise agricole sans précédent. Alors que le pays est aux prises avec de graves conditions de sécheresse affectant la production de blé, l'approvisionnement domestique et les engagements commerciaux internationaux sont en jeu. Avec des prévisions suggérant des rendements continuellement faibles et des discussions stratégiques en cours, les prochaines semaines seront probablement décisives pour l'Argentine dans la gestion de sa production agricole et la sécurisation de sa position sur le marché mondial des céréales.
Il sera crucial de maintenir l'équilibre entre les besoins nationaux et les engagements à l'exportation, tout comme de répondre aux défis géopolitiques et climatiques qui influencent actuellement les approvisionnements alimentaires mondiaux.
Sources :